(NO) LAUGHING MATTER / BLAGUES À PART
Vanessa Rousselot (France/Palestine 2010, 54 min.)
Convinced that humor knows no frontiers, a young filmmaker embarks on an unusual quest: to search for humor in the West Bank. At first she finds only disillusionment – “our whole situation is a joke” – but little by little she uncovers a vibrant culture of humor that defies conventional wisdom. From inane stories mocking the residents of Hebron – the classic butts of Palestinian jokes – to self-deprecating, political quips and bitter-sweet anecdotes about the absurdity of everyday life, her journey plunges her into a little known universe, one in which a glimmer of hope and humanity endure in the shadow of conflict…
Teaser: https://www.facebook.com/video/video.php?v=661665809251&oid=96271850996
Info about the production: http://www.tvfrance-intl.com/tl_files/programme/blagues-a-part/no-laughing-matter-press-kit-wide.pdf
Convinced that humor knows no frontiers, a young filmmaker embarks on an unusual quest: to search for humor in the West Bank. At first she finds only disillusionment – “our whole situation is a joke” – but little by little she uncovers a vibrant culture of humor that defies conventional wisdom. From inane stories mocking the residents of Hebron – the classic butts of Palestinian jokes – to self-deprecating, political quips and bitter-sweet anecdotes about the absurdity of everyday life, her journey plunges her into a little known universe, one in which a glimmer of hope and humanity endure in the shadow of conflict…
Teaser: https://www.facebook.com/video/video.php?v=661665809251&oid=96271850996
Info about the production: http://www.tvfrance-intl.com/tl_files/programme/blagues-a-part/no-laughing-matter-press-kit-wide.pdf

Blagues à part est un documentaire tourné par une jeune française, Vanessa Rousselot, auprès des Palestiniens, dans les territoires et avec ceux qui vivent en Israël. A des gens rencontrés souvent dans la rue, ou au hasard de visites, la réalisatrice a demandé de raconter les blagues qui ont cours chez eux. L’idée de décaler ainsi l’interminable chronique doloriste et violente de la détresse palestinienne soumise depuis plus de 60 ans à l’oppression, la dépossession et l’exil, est en soi excellente. Ne serait-ce que parce qu’elle réinterroge les stéréotypes, aussi bien les nôtres, spectateurs occidentaux abreuvés des mêmes représentations depuis si longtemps, que celles des Palestiniens eux-mêmes, ayant intériorisées leur positons de victimes ou d’opposants farouches, au risque de faire disparaître ce qui est le tissu de la vie même, d’un jour le jour inévitablement plus complexe et contrasté, sans bien entendu faire disparaître pour autant cette ombre sinistre qui obscurcit la vie de millions de gens depuis si longtemps.
Mais la réussite de Blagues à part va bien au-delà de son programme. Avec un très juste sens cinématographie, la réalisatrice laisse dériver les situations qu’elle a enclenché, les réponses à côté, les irruption d’autres rapports à la réalité et au langage, l’apparition improbable d’un vieux monsieur qui collationne méthodiquement les blagues palestiniennes classées par époques, lieux et situations politiques dans des boites d’archives, les silences comme les fous rires qui empêchent le récit, construisent un monde mental où règne le désespoir, mais qu’habitent des vivants, hommes, femmes, adolescents, vieille dame bouleversante, et non des « figures » assignées à un rôle ou une fonction (fut-ce celle de raconter une blague).
Libérateur, le rire ne l’est évidemment pas au regard de l’enfermement et de l’injustice –mais la question du rire se révèle au moins libératrice d’une manière nouvelle pour le cinéma de regarder ce qui existe. Diffusé seulement à la télévision (sur Planète, qui l’a coproduit), Blagues à part n’est jamais sorti en salles. C’est bien regrettable.
Jean-Michel Frodon
Mais la réussite de Blagues à part va bien au-delà de son programme. Avec un très juste sens cinématographie, la réalisatrice laisse dériver les situations qu’elle a enclenché, les réponses à côté, les irruption d’autres rapports à la réalité et au langage, l’apparition improbable d’un vieux monsieur qui collationne méthodiquement les blagues palestiniennes classées par époques, lieux et situations politiques dans des boites d’archives, les silences comme les fous rires qui empêchent le récit, construisent un monde mental où règne le désespoir, mais qu’habitent des vivants, hommes, femmes, adolescents, vieille dame bouleversante, et non des « figures » assignées à un rôle ou une fonction (fut-ce celle de raconter une blague).
Libérateur, le rire ne l’est évidemment pas au regard de l’enfermement et de l’injustice –mais la question du rire se révèle au moins libératrice d’une manière nouvelle pour le cinéma de regarder ce qui existe. Diffusé seulement à la télévision (sur Planète, qui l’a coproduit), Blagues à part n’est jamais sorti en salles. C’est bien regrettable.
Jean-Michel Frodon